BMP – Donner de la vie à certaines couleurs


Je n’étais pas trop là quand j’ai commencé cette aquarelle, car j’avais eu un moment de dissociation et que je ne savais pas trop comment je me sentais, J’avais juste envie de travailler avec le rouge, qui m’attire toujours aussi fortement, avec une couleur qui évoque la douceur.
Mon but, était simplement de laisser venir des formes, avec l’envie d’y mettre la couleur rouge et une couleur douce.
Je me suis dit aussi, que si ce dessin évoluait au moment où je mettrais les couleurs, et bien je me donnerais le droit de le laisser évoluer. Pour faire naître les formes, j’ai donc fait ce qui me venait tout de suite en tête, sans prendre le temps d’y réfléchir. Pour moi ce n’était pas l’étape importante pour mon dessin. C’était juste les couleurs qui m’importaient, rien d’autre.

Comment avez-vous procédé pour cette aquarelle ?

J’ai donc commencé par faire apparaître le corps, avec juste ce rond qui lui sert de tête, mais rien de plus. Pas de détails pour le mettre en valeur, juste une position, histoire que celui-ci tienne en entier.
Puis j’ai continué en dessinant les deux visages, qui concrétisent le fait que je venais d’avoir une dissociation. Après dans ma tête, pour aller plus loin dans mes idées, je n’y arrivais pas, je ne sais pas non plus si je le souhaitais, c’était difficile de ressentir grand-chose à ce moment précis. Je pense peut-être aussi que je ne voulais pas aller trop loin dans l’espace, ce mot espace qui représente aussi le mot infini, qui lui finit par le mot perdu.
Pour concevoir le manteau de mon esquisse, comme je l’ai écrit, j’y ai mis mon envie du moment : du rouge et ma couleur douce, donc du jaune et du bleu et j’ai fait des petits mélanges.

Matériaux utilisés :

Aquarelle sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin. Crayon HB, 2B. Aquarelle, jaune citron, bleu céruléum, blanc de Chine, rouge cramoisi d’Alizarine.

Qu’avez-vous ressenti ?

• J’ai pris du plaisir à déposer ces couleurs, cette envie quand j’étais ”bien” Béatrice.
• J’ai aussi pensé que dans cette aquarelle, je ne voulais exprimer aucune émotion ni dans le corps ni dans les deux visages.
• Je ne me rappelle pas ce qui avait provoqué cette dissociation, mais j’avais du mal à me sentir dans mon corps, à m’y sentir bien.
• J’ai ressenti comme un trou dans ma tête et du froid qui rentrait dans mes narines.
• Une impression d’être à la fois là et pas là, comme à distance dans le temps.
• Il m’est arrivé à certains moments de ne plus savoir comment tenir un crayon.
• Un moment je voulais me sentir légère, un peu comme si je flottais, mais je ne savais pas comment il fallait faire.
• J’ai ressenti que je me tenais dans un endroit immense trop grand pour moi, mais je ne savais pas où je me trouvais, j’ai eu très froid ce moment-là, un gros malaise.
• J’ai ressenti subitement de la frayeur, et des douleurs dans le bas du dos.
• Il m’est arrivé de ne pas reconnaître les couleurs, ou alors c’était le doute qui était présent.
• J’angoissais de ne pas réussir à mettre ce rouge sur cette feuille, un besoin trop fort était là.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant mon dessin, d’avoir mis “mes » couleurs sur feuille m’a permis de ressentir en moi un apaisement par moment, mais les mots en continuité n’étaient pas présents.
J’ai l’impression que le corps flotte dans une certaine légèreté, et je me vois parler mais je ne sais pas ce que j’ai dit.
Je ne me sens pas comme d’habitude, je me sens chagrinée, et gênée.
En regardant mon dessin, le fait de ne pas avoir fait ressortir une émotion au niveau des visages me rassure.

BMP – Forteresse


Pour cette peinture, je voulais me servir de feuille plus petite que d’habitude, en ce moment le « grand » m’effraie, j’ai besoin de me sentir restreinte dans l’espace, même chez moi. Aller dehors en ce moment c’est la représentation d’une montagne qui se positionne, qui surgit avec une grande violence, devant moi, où je n’en vois pas la fin dans sa grandeur, que cela soit dans la largeur et la longueur. Tout comme aller très loin de chez moi, je me sens perdue. Mais il y a cette frayeur inexplicable qui est présente aussi.
Pour cette aquarelle, je voulais juste peindre, j’ai trop envie de rouge et de noir en ce moment dans ma tête, mais pour mon bien mon art-thérapeute me « défend » de les employer du moins seules avec aucun accompagnement.
Une situation que je comprends.
Comme cette envie de rouge était trop présente encore ce matin dans ma tête. Ce rouge qui représente le sang, je l’ai donc mélangé avec d’autres couleurs plus gaies pour en faire un paysage dans lequel le centre ressemble à une forteresse, peut-être même juste un trou. dans lequel personne ne peut pénétrer. Comme pour faire ressortir ce mot isolement, solitude.

Pour commencer j’avais besoin de faire des petits gestes avec mon pinceau, les grands m’angoissaient. Après pour le mouvement dans mon dessin, je n’y ai pas pensé non plus, il n’était pas là non plus en mot dans mon cerveau en vocabulaire. Par contre je ne voulais pas faire un tableau moche, comme pour masquer la réelle situation du moment, masquer ce qui se passe dans le fonctionnement de ma tête. C’est comme ça, et cette situation je n’arrive pas à l’expliquer, mais je sais juste que c’est fort en moi, tout comme vouloir me mettre en boule et rester dans le silence. Comme inexistante. Juste le bien qui apparaît rien de négatif, mais même ça parfois je ne reconnais pas. C’est compliqué à comprendre. Pourtant je me sens bien moi j’ai cette impression que c’est bien mon choix après le confirmer, je ne le pourrais pas, car je ne me reconnaîs pas dans mon attitude.

Après je pourrais dire que faire naître cette peinture m’a plu, voir la couleur rouge mélangée avec les autres couleurs, a été moins effrayant pour moi, mais je pense que le rouge dans mon aquarelle ne ressemble pas à celui que j’ai dans ma tête en couleur mais je ne saurais pas dire jusqu’à quel point.
Il y eu aussi ce coté où je dois m’obliger à mettre du bleu, pour mon bien, pour enlever ce côté incompréhensible de vouloir me mettre en boule et de rester en moi, enfermée. Ce joli bleu qui ressemble aux nuages, le côté apaisement et c’est cela qui je pense apporte une petite valeur douce quand on regarde mon tableau. Ce bleu que j’ai tamponné avec un mouchoir comme pour le faire disparaître.
Après voilà dans ma tête ce n’est pas l’explosion, je ne ressens pas forcément de la douceur, ou une explosion de joie non plus. Tout cela reste en profondeur aujourd’hui. Après je ne dirais pas que c’est dû aussi aux dissociations.
Je dirais juste que mettre ce rouge avec les autres couleurs a été comme découvrir une nouveauté, du jamais vu, un côté angoissant car ce n’est pas vrai, ce n’est pas la première fois que je travaille avec du rouge dans mes mélanges.
Après je ne pense pas que je suis dans la dépression non, c’est comme ça voilà, limite logique pour moi, je ne vois pas le mal ou autre. Après j’ai envie de vous dire là : allez je vous laisse, c’est compliqué dans le temps présent !

Matériaux utilisés

Aquarelle conçue sur feuille de format de 36 × 48 cm
J’ai utilisé la peinture aquarelle. Un pinceau moyen et un morceau de mouchoir.