BMP – Le cri de la colère


Je souhaitais en plus du collage dessiner cette colère.
Je commencerais par écrire qu’on a le droit d’être en colère, mais tout en restant dans les limites, et tout en respectant les personnes.
Pour moi la colère c’est une marre de mots qui parfois peuvent dépasser notre pensée.

La colère est une émotion simple qui traduit l’insatisfaction.
Elle est vécue à l’égard de ce qu’on identifie, à tort ou à raison, comme étant « responsable » de notre frustration.

Pour ma part, je peux être en colère et en même temps triste. C’est ma colère qui me rend triste, mais il y a une différence entre les deux et parfois quand les deux situations se rejoignent, fusionnent, j’oublie que c’est la colère qui chez moi provoque la tristesse. Je pense que c’est important de le rappeler :

La tristesse, renvoie directement au manque, alors que la colère est une réaction à la cause de la frustration.
La colère porte un double message : elle signale à la fois l’insatisfaction et ce que nous considérons comme « l’obstacle » à notre bien-être. La colère, en effet, est toujours vécue à l’égard de quelqu’un ou de quelque chose.

Parfois c’est encore difficile pour moi de bien faire la différence mais faire cette différence est important. Et je me dis que cela peux éviter des ennuis.

Il y a plusieurs degrés concernant la colère : cela peut aller du frémissement d’agacement à la fureur dévastatrice, voire à la rage qui est incontrôlable.

Je me dis que la colère nous empêche d’évoluer. Elle nous empêche parfois aussi de nous sentir bien dans notre tête, et aussi de profiter des moments présents.
Mais j’ai du mal à considérer la colère comme saine, voire normale, car elle m’effraie.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Quand je pense à ce mot « colère » je ne peux pas oublier le mot dissociation, car je me dis que la colère peut provoquer chez moi des dissociations et les dissociations me font revivre des situations du passé, et réactivent le sensoriel : odeurs, bruits, paroles.
Comme la force de ma colère je la perçois comme étant masculine, j’ai donc traduit cela avec des visages féminins pour faire ressortir à quel point ma colère peut se montrer forte mais aussi pour représenter ce phénomène de dissociation. Les deux situations me posent parfois le souci de bien la canaliser et de la faire sortir cette colère, qui est pour moi un véritable tremblement de terre.
J’ai donc dessiné le premier visage, puis j’ai continué avec le deuxième visage mais celui-ci avec le poing fermé. Poing fermé pour représenter cette angoisse que je ressens de faire trop sortir mon côté violent. Je pense parfois à la partie émotionnelle de Béa.
Quand j’ai commencé à travailler sur cette esquisse, l’idée de dessiner le corps était absent en moi. J’ai trop peur des mouvements de violence et de destruction qui peuvent arriver si la colère m’emporte. J’ai repensé à cette camisole que l’on utilise dans les hôpitaux, soit disant pour votre bien, mais surtout pour que le personnel ait la paix.
Pour créer le manteau de mon esquisse, il m’était impossible de mettre de la couleur, car la colère, j’ai du mal à bien la canaliser et souvent je la rumine. Je tricote avec mon cerveau.
Le jour où je pourrais bien la canaliser sans me sentir fautive, je mettrais de la couleur.

Matériaux utilisés :

Dessin conçue sur feuille de format de 50X70 cm à grain fin.
Crayon HB, 2B, 3B,

Qu’avez-vous ressenti ?

• Je me faisais cette réflexion que pour moi, ça reste encore une difficulté de faire sortir ma colère, mais que j’y arrive un peu mieux.
• Je pense que j’ai besoin d’un encadrement pour la faire sortir cette colère.
• J’ai remarqué aussi quand ma colère se montre forte que je suis incapable de l’exprimer jusqu’au bout, je me dissocie avant. Après j’oublie.
• Mais parfois cette colère revient et réapparaît dans une autre situation.
• La colère est beaucoup remontée face à mon passé, mais je ne suis pas capable de savoir si ce n’est que de la colère.
• Parfois je me dis que ma colère représente la force d’un homme, ce qui explique pourquoi que je dessine souvent des visages d’hommes pour la représenter.
• Je me fais cette réflexion si parfois je n’ai pas encore du mal à m’approprier ma propre colère.
• La colère des autres personnes me rend petite et m’effraie. Les personnes qui le savent se servent de cela et me manipule avec. C’est le cas de mon ex.
• J’ai encore du mal à regarder ma colère sur des situations d’une façon correcte.
• Je suis persuadée, par contre, qu’il y a de la bonne et de la mauvaise colère. Le tout c’est de bien arriver à faire la différence.
• Je me disais que que malgré cette angoisse qui est la devant cette colère, je pense que j’ai évolué.
• J’ai eux des dissociations, mais c’est une habitude.
• Parfois je ressentais cette impression de me voir en deux, ou d’avoir la vue brouillée.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant mon dessin, je me disais qu’un peu de ma colère est dessinée, déposée, exprimée dans ce dessin.
Dessiner cette colère sans y mettre des mots était plus facile pour moi.
En regardant ce tableau je ne ressens pas vraiment mon corps, il est absent, mais ma tête me semble avoir enflée.

BMP – La colère


J’ai voulu représenter dans ce collage, comment je percevais la colère dans ma tête.
J’ai commencé par mettre en premier sur ma feuille le visage qui se fond légèrement dans ma création.
Je souhaitais faire un petit rappelle du mot « dissociation »
Je voulais représenter la situation du fait aussi que ma colère sort par jets, mon idée a été de représenter cette situation en haut de ma feuille en collant des fruits qui partent en mouvement dans un jet. Comme des boulets, c’est le sens de cette représentation de fruit, sa forme ronde et légèrement colorée en couleur, représentatif de la densité de la violence.
J’ai ensuite rajouté des piments, une abeille, et un scarabée dans la tête, ceci représente le côté piquant de la colère que je ressens dans ma caboche qui fait mal, le côté piquant, poison que la personne en face de nous peut aussi ressentir face à notre colère que l’on peut déverser sur elle consciemment ou inconsciemment.
Je voulais rajouter aussi absolument une main, qui pourrait représenter le mot « automutilation » quand on a du mal à gérer cette colère, mais aussi peut-être que celle-ci peut aussi représenter le côté violent de nos mouvements, le mot brusque me vient en tête.
Et pour terminer j’ai fini en rajoutant ce corps en boule en bas de ma feuille, qui représente le fait qu’il m’arrive encore de me mettre en boule pour me faire oublier, soit quand on est en colère contre moi, ou alors quand ma colère peut se montrer très forte.
J’ai aimé réaliser ce collage, mais aussi être participante à cet atelier, pour accompagner les personnes à qui je proposait ce moment de création.
Je suis dans cette optique que d’être derrière les personnes ce n’est pas la bonne solution, mais je dois garder une attitude de bienveillance et d’écoute envers elles. Une liberté doit être présente envers toutes ces personnes, je ne dois pas perdre de vu que ce sont des personnes victimes.
Un espace de sécurité doit être présent.
Je dirais que dissociation ou pas celle-ci était la bienvenue.
Je n’avais pas mis non plus une heure bien définie de fin concernant cet atelier, la détente était là, tout comme les échanges divers, ça se déroulait, dans l’ensemble, assez bien. Quelques petites angoisses, tout comme des questionnements.
Mais c’est pratiquement normal quand on travaille sur un thème, des remises en questions etc sont là et viennent nous taquiner.

Format de feuille 36 X 48 cm.